Présentation
Une femme naît-elle que si elle devient mère ? La vie, parfois, t’oblige à n’être que toi…
Elle regarde son grand fils, qui s’apprête à quitter le nid. Comme pour le retenir encore un peu, elle rejoue ses souvenirs avec lui. Une vie de maman, tendrement imparfaite. Une vie de femme, à la fois drôle et crue.
Mais d’où vient donc ce sentiment de solitude et cette voix lancinante, qui s’immisce comme une pensée parasite ?
L’enfant doit partir, maintenant. Comme il est arrivé. Et si ce n’était qu’un début ?
Un seule-en-scène qui mêle l’utile à l’artistique dans lequel Sabrina Nanni jongle avec nos émotions pendant une heure pleine d’authenticité. Du personnel à l’universel…
Notes d'intention
... de la metteuse en scène
"Une histoire de femme, une histoire de cancer, une histoire d'amour, une histoire drôle... Ex Utero aborde et concilie tout ces thèmes.
Le sujet est délicat et, pourtant, nous voilà avec une histoire qui s'adresse à tout le monde.
Il y a quelque chose de fascinant et de magnifiquement tragique chez cette femme qui parle au fils qu'elle n'aura jamais. La beauté du déni. Seulement nous vivons dans une réalité 3D implacable. Non, Lui, il n'existe pas et n'existera jamais.
Sabrina nous guide dans cette maternité fantasmée et on se laisse volontiers ballotter d'un faux souvenir à un autre faux souvenir. Le spectateur n'a pas le choix, il se fait happer par la force de la nostalgie et du quotidien : Aujourd'hui il quitte le nid, prend son indépendance... On est à la maternité, il a deux jours... Ah, il a une petite amie, elle s'appelle Fanny...Oh mais c'est maintenant l'épreuve de la terrible purée de brocolis, "et une bouchée pour maman !"
C'est peut-être ce qui m'a le plus séduite dans ce projet : Mettre en scène un personnage qui se met en scène, diriger une comédienne qui joue une femme qui joue à la maman. Quelle mise en abîme !
On oscille entre théâtre, introspection, et résilience. Mais n'est-ce pas ce qu'implique toute quête de soi ?
Qu'à cela ne tienne, la sobriété sera le mot d'ordre pour accompagner notre voyageuse. Très peu d'accessoires, un plateau quasi nu animé d'une lumière marquant les lieux et temps traversés par Sabrina. L'attention du public ne doit se concentrer que sur elle pour que la magie opère, pour qu'on passe du rire aux larmes, pour qu'on comprenne enfin l'histoire de cette femme.
Car c'est une histoire étonnante portée par l'envie de partager, prévenir, rassurer.
Ex Utero, c'est une histoire intime qui touche à l'universel."
Pauline JOQUEL
... de l'auteure
"Au tout début de cette aventure, il y a un coup de foudre artistique, lors d’une scène ouverte. Sabrina joue un de mes textes, que je lui avais fait lire par hasard. Ce soir-là, le public rit, en redemande, il se passe quelque chose. L’idée d’un spectacle germe. Et si on abordait le thème de la maternité, cette envie de bébé quand les années passent et qu’on n’a pas encore trouvé le papa ? C’est de ça, que Sabrina veut parler. L’écriture commence, dans la joie et l’allégresse. Et puis, le diagnostic tombe comme le couperet de la guillotine : Cancer du col de l’utérus.
Renoncer ? Non, s’adapter… Sabrina intègre sa "mission" et veut joindre l'utile à l'artistique et passer un message de prévention à travers son spectacle.
Entre deux séances de radiothérapie, Elle s’accroche à son projet et moi je m’imprègne de ses émotions. Il y a de la peur, évidemment. Mais il y a de la colère, aussi, vis-à-vis de cette société qui nous conditionne dès le plus jeune âge à devenir mères, et qui nous juge si l’on ne remplit pas le contrat, même quand on n’y est pour rien.
Pas d’utérus, pas de bébé. Pas de bébé, pas de maman. Nullipare. Le mot claque, elle entend « nulle », elle entend « nulle part ». Existe-t-elle encore ? Pour qui, pour quoi, pour aller où ?
Les maux deviennent des mots. Pour autant, pas question de tomber dans le pathos. Le grave flirte harmonieusement avec le léger. Elle ne portera jamais d’enfant ? Alors elle va « jouer à la maman », à celle qu’elle ne sera jamais, celle qu’elle aurait pu être : fragile, volcanique, étouffante, humaine, imparfaite mais toujours attachante.
C’est aussi l’occasion d’aborder les thèmes liés à la maternité et la parentalité : du baby blues, de la charge mentale, du couple qui tangue et de la garde partagée qui en découle… Autant de sujets communs qui prennent cependant une couleur nouvelle à la lumière du cancer gynécologique et de la nulliparité. La comédienne nourrit son fantasme en jouant le ventre vide.
Et pour faire passer un message de prévention salutaire sans qu’il ne soit pris comme une injonction moralisatrice, j’ai eu l’idée d’écrire un slam à Sabrina. Des paroles qui claquent, avec humour, mais des mots utiles.
En donnant vie sur scène à cet enfant qu’elle n’a porté qu’en rêve, Sabrina a nargué la maladie et accouché d’elle-même.
Sophie BRUGEILLE
Ex Utero s'engage
Si Ex Utero a pour vocation initiale de faire rire, ce spectacle est aussi l’occasion de faire réfléchir et ainsi favoriser la prévention contre les cancers gynécologiques.
Une partie des bénéfices de la programmation au Guichet Montparnasse a été versé à l’association coup de cœur de Sabrina, l’association IMAGYN.
Créée en 2014, elle est la toute première association nationale de patientes atteintes de cancers gynécologiques. Destinée à sensibiliser, partager, soutenir et informer le plus grand nombre, à commencer par les patientes et leurs proches, elle aide également à faire avancer la Recherche.
"La résilience chez IMAGYN, nous la croisons souvent et quel plus bel exemple que le parcours de Sabrina qui a su mettre des mots sur le traumatisme traversé. Le spectacle permet de se projeter dans sa vie de femme et de maman avec ses joies et ses difficultés malgré la maladie qui pointe en filigrane et ses conséquences.
Le spectacle riche et dense porte aussi le message si cher à notre association de la prévention contre le cancer du col de l’utérus, cancer encore tabou alors qu’évitable. Sabrina montre avec une vraie sincérité que l’on peut allier divertissement et message fort dans un spectacle de qualité. "
Coralie MARJOLLET, présidente de l’association IMAGYN
« Un « seule en scène » bouleversant et drôlissime (…). Je dis Bravo pour cet élan, ce courage, cette vie plus puissante que tout, j’ai été très touchée par cette résilience, par ce besoin réussi de transformer cette violence soudaine par une renaissance et j’ai beaucoup ri. (…) Allez-y vite, ça fait du bien... »
Gwendoline Hamon, comédienne – Marraine de l’association IMAGYN